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de la navigation. Les matelots se disputent entre eux le gouvernail ; chacun d’eux s’imagine qu’il doit être le pilote, sans avoir aucune connaissance du pilotage et sans pouvoir dire sous quel maître, ni dans quel temps il l’a appris ; bien mieux, ils prétendent que ce n’est pas une science qui puisse s’apprendre ; et si quelqu’un s’avise de dire le contraire, ils sont tous prêts à le mettre en pièces. Sans cesse autour du patron, ils l’obsèdent de leurs prières, et emploient tous les moyens pour le décider à leur confier le gouvernail. Ceux qui sont exclus tuent ou jettent hors du vaisseau ceux qu’on leur a préférés. Ensuite ils s’assurent de l’excellent patron, ou en l’enivrant, ou en l’assoupissant avec de la mandragore, ou ils s’en débarrassent de toute autre manière ; alors, maîtres du vaisseau, ils se jettent sur les provisions, boivent et mangent avec excès, et conduisent le vaisseau, comme de pareils gens peuvent le conduire. Ce n’est pas tout : quiconque sait les aider à prendre le commandement, par la persuasion ou par la force, ils le louent, ils l’appellent un marin habile, un maître dans tout ce qui regarde la navigation, et ils méprisent comme un homme inutile celui qui se conduit autrement. Ils ne comprennent pas qu’un vrai pilote doit étudier les temps, les saisons, le ciel, les astres,