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Je n’en sais rien. Mais tu me ferais plaisir de me dire ce qu’il t’en semble.

Hé bien, il me semble qu’ils disent vrai.

Alors, sur quel fondement peut-on dire qu’il n’est point de remède aux maux qui désolent les États, jusqu’à ce qu’ils soient gouvernés par ces mêmes philosophes que nous reconnaissons leur être inutiles ?

Voilà une question à laquelle je ne puis répondre que par une comparaison.

Ce n’est pas pourtant ta coutume, ce me semble, de parler par comparaisons.

Fort bien, tu me railles, après m’avoir engagé dans une discussion aussi difficile. Écoute donc cette comparaison, et tu verras encore mieux mon peu de talent en ce genre. Le traitement qu’éprouvent les sages dans les États est quelque chose de si fâcheux qu’on ne voit rien de semblable, et que, pour en donner une image exacte et qui serve à leur justification, il faut la composer de plusieurs traits différens, à la manière de ces peintres qui nous représentent des animaux moitié cerfs et moitié boucs, et d’autres assemblages monstrueux. Figure-toi donc un patron d’un ou de plusieurs vaisseaux, tel que je vais te le décrire ; plus grand et plus robuste, il est vrai, que tout le reste de l’équipage, mais un peu sourd, y voyant assez mal et n’entendant pas mieux l’art