Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/414

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sont toutes nécessaires à une ame, qui doit s’élever à une connaissance parfaite de l’être ?

Elles lui sont absolument nécessaires.

Peut-on donc blâmer par quelque endroit une profession qu’on ne peut exercer convenablement, si on n’est doué de mémoire, de pénétration, d’un esprit élevé à la fois et plein de grace ; si l’on n’est ami et comme allié de la vérité, de la justice, de la force et de la tempérance ?

Non, Momus même n’y trouverait rien à redire[1].

Et n’est-ce pas à des hommes semblables, perfectionnés par l’éducation et l’expérience, et à eux seuls, que tu confieras le gouvernement de l’État ?

Adimante prit la parole : Mon cher Socrate, me dit-il, personne ne saurait rien opposer à tous ces raisonnemens ; mais aussi voilà ce qui arrive toutes les fois que l’on t’entend soutenir cette opinion. On s’imagine que faute d’être versé dans l’art d’interroger et de répondre, on est fourvoyé petit à petit de question en question, de sorte que toutes ces petites déviations, rapprochées les unes des autres à la fin de l’entretien, font éclater une grosse erreur, toute con-

  1. Locution proverbiale. Consultez Érasme, Chiliad. I, 5, 75.