pas plus ce qui est avantageux que ce qui est désavantageux au plus fort. — Mais, par l’intérêt du plus fort, Thrasymaque a entendu ce que le plus fort croit lui être avantageux : c’est là, selon lui, ce que le plus faible doit faire, et en quoi consiste la justice. — Thrasymaque ne l’a pas dit.
Polémarque, repris-je, cela n’y fait rien. Si Thrasymaque y consent, nous adopterons cette explication. Dis-moi donc, Thrasymaque : Entends-tu ainsi par la justice ce que le plus fort croit lui être avantageux, qu’il se trompe ou non ?
Moi ! point du tout. Crois-tu que j’appelle plus fort[1], celui qui se trompe, en tant qu’il se trompe.
Je pensais que c’était là ce que tu disais, en convenant que ceux qui gouvernent ne sont pas infaillibles, et qu’ils se trompent quelquefois.
Tu calomnies mes paroles, Socrate ; c’est justement comme si tu appelais médecin celui qui se trompe dans le traitement des malades, en tant qu’il se trompe ; ou calculateur, celui qui se
- ↑ Κρείττων a deux sens : il se dit de celui qui est plus fort physiquement et de celui qui est plus fort moralement, c’est-à-dire meilleur. Thrasymaque, pour se tirer d’embarras, l’emploie maintenant dans le second sens, après l’avoir pris et laissé prendre dans le premier. Ce sophisme verbal est impossible à rendre en français.