J’en suis convenu.
Avoue donc aussi qu’en disant qu’il est juste que les sujets fassent tout ce qui leur est commandé, tu es convenu que la justice consiste à faire ce qui est désavantageux à ceux qui gouvernent, c’est-à-dire aux plus forts, dans le cas où, sans le vouloir, ils commandent quelque chose de contraire à leur intérêt. Et de là, très habile Thrasymaque, ne faut-il pas conclure qu’il est juste de faire tout le contraire de ce que tu disais d’abord, puisqu’alors ce qui est ordonné au plus faible est désavantageux au plus fort ?
Voilà qui est évident, Socrate, interrompit Polémarque.
Sans doute, reprit Clitophon, puisqu’on a ton témoignage. — Et est-il besoin de témoignage, continua Polémarque ? Thrasymaque lui-même convient que ceux qui gouvernent commandent quelquefois des choses contraires à leur intérêt, et qu’il est juste, même en ce cas, que les sujets obéissent. — Thrasymaque, dit Clitophon, a dit seulement qu’il est juste que les sujets fassent ce qui leur est commandé. — Mais il avait aussi avancé que la justice est ce qui est avantageux au plus fort ; et après avoir posé ces deux principes, il est ensuite demeuré d’accord que les plus forts font quelquefois des lois contraires à leur intérêt. Or, de tout cela, il suit que la justice n’est