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il faut remarquer que, dans la phrase, φαίνονται demande λέγοντες, et que l’un étant certain et exigeant l’autre, l’attire et lui prête son autorité. Peu importe qu’on lise λέγοντες ou καλοῦντες, mais λέγοντες a en sa faveur plus de manuscrits. Καλοῦντες n’a pour lui que le manuscrit de Munich ; aussi Bekker y a-t-il joint un astérisque comme signe de doute. J’aimerais mieux aussi, avec le plus grand nombre de manuscrits, rattacher étroitement λέγοντες à φαίνονται que de le renvoyer après τρόπον. Je lirais donc : ὥς φασι. κρείττω δὴ αὑτοῦ λέγοντες φαίνονται οὐκ οἶδ’ ὅντινα τρόπον καὶ ἄλλα ἄτ… et le sens que cette leçon donne est naturel et raisonnable. D’abord Socrate définit la tempérance, l’empire sur les passions, σωφροσύνη… ἐγκράτεια, selon l’opinion commune et même selon les habitudes du langage ordinaire, ὥς φασι ; en effet, σωφροσύνη entraîne l’idée d’ἐγκράτεια. Puis, toujours en suivant les analogies du langage, il cite l’expression de κρείττω ἑαὑτοῦ, qu’amenait celle d’ἐγκράτεια et qui l’explique, expression par laquelle évidemment on désigne la tempérance, φαίνονται λέγοντες. Et il ajoute οὐκ οἶδα ὅντινα τρόπον, pour pouvoir plus tard en rechercher et en donner la véritable raison. Toute autre interprétation est pleine de difficultés. Je ne conçois pas comment Schneider, qui non-seulement pèse les manuscrits, mais qui les compte, et les suit scrupuleusement, a pu se persuader