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ton parle ici d’Homère, ils eussent cent fois cité ce passage pour le combattre ou l’interpréter à leur manière. Ce silence de l’école platonicienne est un argument sérieux. Morgenstern est, je crois, le premier qui ait pensé qu’il s’agit ici seulement des poètes dramatiques, p. 247 ; et Stallbaum adopte cet avis. J’ajoute aux raisons de ces deux critiques celle qui se tire du rapport frappant de ce passage avec celui des Lois, liv. II et VII. Dans les Lois, Platon ne permet aux poètes tragiques d’entrer dans son État qu’en soumettant leurs ouvrages à une censure préalable. Dans la République, plus sévère que dans les Lois, il les bannit sans condition ; et, comme dans les Lois, on ne peut supposer que Platon désigne Homère, nous ne voyons pas pourquoi on le supposerait ici. Remarquez que dans l’un et l’autre passage il s’agit de l’imitation, dont les poètes dramatiques sont les vrais représentans. Mais il ne faut pas oublier non plus qu’Homère est souvent placé parmi les poètes tragiques et dramatiques, que ces poètes sont ici individualisés dans un seul, et que tout en refusant à celui-là l’entrée de la République, Platon lui rend hommage comme à un être sacré, merveilleux, plein de charmes ; il ne serait donc pas impossible qu’indirectement il ait eu en vue Homère : et s’en tenir au doute de Schneider, poetæ seu Homero, est peut-être le parti le plus sage.