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accrédité les poètes et les artistes. On y voit aussi que le système des allégories, αἱ ὑπόνοιαι, qui date des premières écoles philosophiques et surtout d’Anaxagoras (Diog., liv. II, chap. XI, avec les Notes de Ménage), était fort répandu du temps de Platon, et que Platon savait très bien qu’il n’était pas impossible d’interpréter les fables en apparence les plus absurdes et les plus condamnables, mais que malgré cela ce grand moraliste ne consentait pas à ce que ces fables s’imprimassent d’abord dans l’ame des enfans, et leur fussent proposées comme les modèles de leur conduite et de leur vie. C’est encore là une des immenses supériorités du christianisme sur le paganisme. Les mystères du christianisme, dans lesquels l’interprétation philosophique découvre les plus sublimes vérités, ont de plus cet avantage que, s’ils sont inaccessibles à la raison vulgaire (et cela doit être, puisque ce sont des mystères), loin de choquer la conscience morale du genre humain, ils la consacrent, et même l’élèvent et l’épurent. Cependant, il y a même dans les saintes écritures des morceaux que l’Église, dans sa sagesse, défend de mettre entre les mains de tout le monde. C’est une pratique semblable que recommande ici Platon. — La fin de ce second livre contient aussi une Théodicée abrégée qui est le germe de celle du dixième livre des Lois. Là, comme dans le dixième livre des Lois, la bonté, ou pour mieux