répondu, reprenne et réfute tout ce qu’on aura dit.
Mais, que pourrait-on répondre quand on ne sait rien, qu’on ne s’en cache pas, et qu’un personnage habile nous interdit encore toutes les réponses qu’on pourrait faire ? C’est plutôt à toi de parler, puisque tu te vantes de savoir et d’avoir à dire quelque chose. Ne te fais donc pas prier. Réponds pour l’amour de moi, et n’envie pas à Glaucon et aux autres l’instruction qu’ils attendent de toi.
Aussitôt Glaucon et tous les assistans le conjurèrent de se rendre. Cependant Thrasymaque, tout en affectant d’insister pour que je me laissasse interroger, ne cachait pas l’envie qu’il avait de parler dans l’espoir de s’attirer des applaudissemens ; car il était persuadé qu’il avait à faire une admirable réponse. À la fin donc il se rendit : Voilà, dit-il, le grand secret de Socrate : Il ne veut rien enseigner, et il va de tous les côtés apprenant des autres, sans en savoir aucun gré à personne.
Tu as raison, Thrasymaque, de dire que j’apprends des autres ; mais tu as tort d’ajouter que je ne leur en sais aucun gré. Je leur témoigne ma reconnaissance autant qu’il est en moi ; j’applaudis : c’est tout ce que je puis faire, n’ayant pas d’argent. Tu verras toi-même tout à l’heure com-