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qu’ils en retirent. Bekker, p. 9 : οἱ δὲ κτησάμενοι διπλῇ ἢ οἱ ἄλλοι ἀσπάζονται αὐτά· ὥς περ γὰρ οἱ ποιηταὶ τὰ αὑτῶν ποιήματα καὶ οἱ πατέρες τοὺς παῖδας ἀγαπῶσιν, ταύτῃ τε δὴ καὶ οἱ χρηματισάμενοι περὶ τὰ χρήματα σπουδάζουσιν ὡς ἔργον ἑαυτῶν, καὶ κατὰ τὴν χρείαν ᾗπερ οἱ ἄλλοι.

Plusieurs manuscrits, Ficin, Cornarius et Ast lisent καὶ οὐ κατὰ τὴν χρείαν, aiment la fortune qu’ils ont acquise comme les poètes leurs vers, parce qu’elle est leur ouvrage, et non pas à cause du profit qu’ils en retirent. Mais d’abord οὐ ne se trouve pas dans les meilleurs manuscrits ; ensuite, pour le justifier, on est réduit à prendre διπλῇ dans un sens purement emphatique : multo vehementius quam. En laissant à διπλῇ sa signification naturelle, et sans avoir besoin d’οὐ, on obtient un sens très satisfaisant : On aime doublement la fortune qu’on a faite, et parce qu’on l’a faite et parce qu’on en jouit. Pour mieux marquer ce sens qui est le vrai, Stallbaum propose αὖ au lieu de οὐ, mais cette leçon est une pure conjecture, et formerait un parallélisme tout-à-fait opposé à la manière de Platon et à l’abandon de la conversation. Schneider, qui relève aigrement les fautes de tout le monde, en prête une ici à Stallbaum, que celui-ci n’a pas faite. Il affirme qu’il adopte la leçon οὐ avec Ast (Paulo post οὐ