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est de Simonide, de Bias, de Pittacus ou de quelque autre sage et homme vénéré.

Je suis prêt à me joindre à toi.

Sais-tu à qui j’attribue cette maxime, qu’il est juste de faire du bien à ses amis et du mal à ses ennemis ?

À qui ?

Je crois qu’elle est de Périandre[1], de Perdiccas[2], de Xerxès, d’Isménias[3] le Thébain, ou de quelque autre riche personnage, enivré de sa puissance.

Très bien dit.

Soit ; mais puisque la justice ne consiste pas en cela, qui nous dira en quoi elle consiste ?

Plusieurs fois, pendant notre entretien, Thrasymaque s’était efforcé de prendre la parole pour nous contredire. Ceux qui étaient auprès de lui l’avaient retenu, voulant nous entendre jusqu’à la fin. Mais lorsque la discussion s’arrêta, et que j’eus prononcé ces dernières paroles, il ne put se contenir plus long-temps, et prenant son élan, comme une bête sauvage, il vint à nous comme pour nous mettre en pièces. La frayeur nous saisit, Polémarque et moi. Élevant

  1. Tyran de Corinthe.
  2. Roi de Macédoine et père du roi Archélaüs.
  3. Citoyen puissant de Thèbes. Xénophon en parle Hist. Gr., III, 5, 1. Voyez le Ménon.