Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/309

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tres avantages que tu omets, par exemple, que ses guerriers combattraient avec d’autant plus de courage que, se connaissant tous et se donnant dans la mêlée les noms de frères, de pères, de fils, ils voleraient au secours les uns des autres. Je sais que la présence des femmes rendrait ces guerriers invincibles, soit qu’elles combattissent avec eux dans les mêmes rangs, soit qu’elles fussent placées derrière le corps de bataille pour épouvanter l’ennemi et porter du secours dans une extrémité. Je vois aussi qu’ils goûteraient, pendant la paix, beaucoup d’autres biens dont tu n’as rien dit. Mais puisque je t’accorde tout cela et mille autres choses, si cet État se réalise, cesse d’en montrer les avantages ; tâche plutôt de nous faire voir qu’il est possible et comment ; je te tiens quitte du reste.

Tu viens de faire tout à coup comme une incursion sur mon discours, sans me laisser de relâche après tant d’attaques. Peut-être ne sais-tu pas que m’étant sauvé, à grand’peine, de deux vagues furieuses, tu en soulèves contre moi une troisième, beaucoup plus grosse et plus terrible. Lorsque tu l’auras vue et que tu en auras entendu le bruit, tu excuseras sans peine mon hésitation et ma frayeur à hasarder une proposition aussi étrange et à entreprendre de la soutenir.

Plus tu nous parleras de la sorte, plus nous te