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férens. L’un de ces objets est ce qui nous est uni par les liens du sang ou de l’amitié ; l’autre, ce qui nous est étranger. L’inimitié entre alliés s’appelle discorde ; entre étrangers, guerre.

Ce que tu dis là est fort juste.

Vois si ce que j’ajoute l’est moins. Je dis que les Grecs sont amis et alliés entre eux, et étrangers à l’égard des barbares.

Cela est vrai.

Ainsi lorsque les Grecs et les barbares combattront les uns contre les autres, nous dirons qu’ils sont en guerre, qu’ils sont naturellement ennemis et que cette inimitié est la guerre ; s’il arrive quelque chose de semblable entre Grecs, nous dirons qu’ils sont naturellement amis, mais que la Grèce en ce moment est malade, qu’elle éprouve une division intestine, et nous donnerons à cette inimitié le nom de discorde.

Je suis tout-à-fait de ton sentiment.

D’après le caractère qui vient d’être reconnu à la discorde, vois si, toutes les fois qu’elle s’élève dans un État, les citoyens ravageaient les champs et brûlaient les maisons les uns des autres, combien elle serait funeste et combien il faudrait que les uns et les autres aimassent peu la patrie. Autrement ils n’auraient pas le courage de déchirer ainsi leur nourrice et leur mère ; les vainqueurs se croiraient satisfaits d’avoir enlevé