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prunter, tantôt de nier ses dettes, tantôt d’acquérir de l’argent par toutes sortes de voies pour le mettre ensuite à la disposition de femmes et de serviteurs ; enfin, mon cher, mille choses basses et misérables, et qui sont indignes d’êtres citées.

Oui, tout cela est frappant, même pour un aveugle.

A l’abri de toutes ces misères, ils mèneront une vie plus heureuse que celle des athlètes couronnés aux jeux olympiques.

Comment ?

Ceux-ci sont estimés heureux pour une petite partie des avantages dont jouissent nos guerriers. La victoire que remportent ces derniers est plus belle, et leur récompense est aussi plus complète ; en effet, leur victoire c’est le salut de l’État, et pour couronne et pour récompense, l’État leur donne, à eux et à leurs enfans, la nourriture et tout ce qui est nécessaire pour leur entretien, pendant leur vie ; et, après leur mort, il leur fait des funérailles convenables.

Ces distinctions sont très belles.

Te souviens-tu du reproche que nous fit je ne sais plus qui tout à l’heure[1], de négliger le bonheur des gardiens de l’État qui, pouvant avoir

  1. Adimante, au commencement du liv. IV, p. 192.