C’est à toi, Glaucon, de me le dire. Je vois que tu élèves dans ta maison des chiens de chasse et des oiseaux de proie en grand nombre. As-tu pris garde à ce qu’on fait pour les accoupler et en avoir des petits ?
Que fait-on ?
Parmi ces animaux, quoique tous de bonne race, n’en est-il pas quelques-uns qui l’emportent sur les autres ?
Oui.
Veux-tu avoir des petits de tous également, ou aimes-tu mieux en avoir de ceux qui l’emportent sur les autres ?
J’aime mieux en avoir de ceux-ci.
Des plus jeunes, des plus vieux, ou de ceux qui sont dans la force de l’âge ?
De ces derniers.
Sans toutes ces précautions dans l’accouplement, n’es-tu pas persuadé que la race de tes chiens et de tes oiseaux dégénérerait beaucoup ?
Oui.
Crois-tu qu’il n’en soit pas de même des chevaux et des autres animaux ?
Il serait absurde de ne pas le croire.
Grands dieux ! mon cher ami, quels hommes supérieurs nous faudra-t-il pour magistrats, s’il en est de même à l’égard de l’espèce humaine !