peu congé, comme ces esprits oisifs qui ont coutume de se repaître de leurs rêveries, lorsqu’on les laisse se donner carrière. Ces sortes de personnes, avant d’examiner par quels moyens ils viendront à bout de leurs projets, dans la crainte de se fatiguer en discutant si la chose est possible ou impossible, la supposent accomplie, arrangent tout le reste à leur gré, se plaisent à énumérer d’avance les avantages qui leur reviendront du succès, et augmentent par là l’indolence naturelle à leur ame. Eh bien, maintenant, je suis comme elles : les difficultés m’effraient, et je désire renvoyer à un autre temps l’examen de la possibilité de ce que je propose. Pour le moment, je la suppose démontrée, et je vais, si tu me le permets, examiner quels arrangemens prendront les magistrats en conséquence, et faire voir que rien ne serait plus utile à l’État et aux guerriers. Voilà ce que j’essaierai d’abord d’examiner avec toi, si tu le veux bien ; nous verrons ensuite l’autre question.
Fais ce qu’il te plaira, je te le permets.
Je crois d’abord que les magistrats et les guerriers, leurs auxiliaires, s’ils sont dignes du nom qu’ils portent, seront dans la disposition, ceux-ci de faire ce qu’on leur commandera, ceux-là, de ne rien ordonner que ce qui est prescrit par la loi, et d’en suivre l’esprit dans les règle-