Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ceux qui se trompent ainsi ont donc alors pour ennemis des gens de bien, et des méchans pour amis.

Oui.

Ainsi, pour eux, la justice consiste à faire du bien aux méchans, et du mal aux bons.

Il semble.

Mais les bons sont justes et incapables de faire du mal à personne.

Cela est vrai.

Il est donc juste, selon ce que tu dis, de faire du mal à ceux qui ne nous en font pas.

Point du tout, Socrate ; c’est dire une chose criminelle.

Alors c’est aux méchans qu’il est juste de nuire, et aux bons qu’il est juste de faire du bien ?

Cela est plus raisonnable.

Mais il arrivera, Polémarque, que pour tous ceux qui se trompent dans leurs jugemens sur les hommes, la justice sera de nuire à leurs amis, car ils les considèreront comme méchans, et de faire du bien à leurs ennemis, par la raison contraire : conclusion directement opposée à ce que nous faisions dire à Simonide.

Elle est pourtant rigoureuse ; mais changeons quelque chose à la définition de l’ami et de l’ennemi : elle ne me paraît pas exacte.

Comment disions-nous, Polémarque ?