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le vice au contraire en est la maladie, la laideur, la faiblesse.

À merveille.

Or, les actions honnêtes ne contribuent-elles pas à faire naître en nous la vertu, et les actions déshonnêtes à y produire le vice ?

Certainement.

Nous n’avons plus maintenant qu’à examiner s’il est utile de s’appliquer à ce qui est honnête, de faire des actions justes et d’être juste, qu’on soit ou non connu pour tel : ou de commettre des injustices et d’être injuste, ne dût-on jamais en être puni et forcé de s’amender par le châtiment.

Mais, Socrate, il me paraît ridicule de s’arrêter désormais à un pareil examen ; car si lorsque la santé est entièrement ruinée, la vie devient insupportable, même au milieu des plaisirs de la table, de l’opulence et d’un pouvoir sans bornes, par la même raison, doit-elle nous être à charge lorsque ce qui fait le principe même de la vie est livré au désordre et à la corruption ; eût-on d’ailleurs le pouvoir de tout faire, excepté ce qui pourrait délivrer de l’injustice et du vice, et procurer l’acquisition de la justice et de la vertu. Et cela me paraît évident, après avoir reconnu quelle est la nature de la justice et de l’injustice.