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à la science qui dirige cette action, et qu’au contraire, il appelle injuste l’action qui détruit en lui cet ordre, et ignorance l’opinion qui préside à une action semblable.

Mon cher Socrate, rien n’est plus vrai que ce que tu dis.

Ainsi, sans paraître nous tromper beaucoup, nous pourrions dire, je pense, que nous avons trouvé ce que c’est qu’un homme juste, un État juste, et en quoi consiste la justice qui est dans l’un et dans l’autre.

Assurément.

Le dirons-nous ?

Oui.

Soit ; nous avons maintenant à nous occuper de l’injustice. Est-elle autre chose qu’un conflit entre les trois parties de l’ame, un empressement à se mêler de toutes choses et à usurper l’emploi d’autrui, un soulèvement d’une partie contre le tout, pour se donner une autorité qui ne lui appartient point, parce que de sa nature elle est faite pour obéir à ce qui est fait pour commander. C’est de là, de ce désordre et de ce trouble que naissent, dirons-nous, et l’injustice et l’intempérance et la lâcheté et l’ignorance ; en un mot, tous les vices.

Cela est certain.

Puisque nous savons ce que c’est que la jus-