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est né pour être cordonnier, charpentier ou tout autre ouvrier, de faire son métier, sans se mêler d’autre chose, c’était tracer une image de la justice, et voilà pourquoi cela nous a réussi.

Évidemment.

En effet, la justice était quelque chose de semblable, à cela près qu’elle ne s’arrête point aux actions extérieures de l’homme, et qu’elle en règle l’intérieur, ne permettant à aucune des parties de l’ame de faire quelque chose qui lui soit étranger, ni d’intervertir leurs fonctions. Elle veut que d’abord l’homme pose bien à chacune les fonctions qui lui sont propres, qu’il prenne le commandement de lui-même, qu’il établisse en soi l’ordre et la concorde, qu’il mette entre les trois parties de son ame un accord parfait comme entre les trois tons extrêmes de l’harmonie, l’octave, la basse et la quinte, et les autres tons intermédiaires, s’il en existe, qu’il lie ensemble tous les élémens qui le composent, et malgré leur diversité, qu’il soit un, mesuré, plein d’harmonie ; qu’ainsi disposé il commence à agir, soit que son activité se déploie dans l’acquisition des richesses, dans les soins du corps, dans les affaires publiques ou dans les rapports de la vie privée ; que toujours il juge et nomme juste et belle toute action qui fait naître et entretient en lui ce bel ordre ; qu’il donne de même le nom de prudence