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qu’elle ne nous a paru d’abord. Nous pensions qu’elle se rapportait à la partie de l’ame qui est le siége du désir ; maintenant nous sommes bien éloignés de le dire : nous dirions plutôt que lorsqu’il s’élève quelque sédition dans l’ame, la colère prend les armes en faveur de la raison.

Tout-à-fait.

Est-ce comme étant différente de la raison ou comme étant seulement une des formes de celle-ci, de sorte qu’il n’y ait dans l’ame que deux parties, l’une siége de la raison, l’autre du désir ? ou bien de même que notre État est composé de trois ordres, des mercenaires, des guerriers et des magistrats, y a-t-il dans l’ame une troisième partie où réside la colère et qui est l’auxiliaire naturel de la raison, à moins qu’elle n’ait été corrompue par une mauvaise éducation ?

La colère forme nécessairement cette troisième partie.

Oui, sans doute, si elle se montre distincte de la raison, comme elle s’est montrée distincte de la partie qui est le siége du désir.

Cela n’est pas difficile à reconnaître. Nous voyons que les enfans aussitôt qu’ils sont nés, sont déjà pleins d’irritabilité ; que la raison ne vient jamais à quelques-uns, et qu’elle vient tard au plus grand nombre.

Tu dis vrai : on peut encore s’en assurer en