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Dirons-nous qu’il se trouve quelquefois des gens qui ont soif et ne veulent pas boire ?

On en trouve souvent et en grand nombre.

Que penser de ces gens, sinon qu’il y a dans leur ame un principe qui leur ordonne de boire, et un autre qui le leur défend, et qui l’emporte sur le premier ?

Pour moi, je le pense.

Ce principe qui leur défend de boire ne vient-il pas de la raison ? Celui qui les y porte et les y entraîne ne vient-il pas à la suite de la souffrance et de la maladie ?

Oui.

Nous aurions donc raison de penser que ce sont deux principes distincts l’un de l’autre, et d’appeler raisonnable cette partie de l’ame par laquelle elle raisonne ; et déraisonnable, siége du désir, compagne des excès et des voluptés, cette autre partie de l’ame qui aime, qui a faim et soif, qui est la proie de tous les désirs.

Oui, et cette opinion est très vraisemblable.

Reconnaissons par conséquent que ces deux parties se trouvent dans l’ame : mais celle qui est le siége de la colère et qui cause en nous le courage, forme-t-elle une troisième partie ou rentre-t-elle dans l’une des deux autres ?

Peut-être rentre-t-elle dans la partie qui est le siége du désir.