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traire de ce qu’on vient de dire, c’est-à-dire la justice, et ce qui fait que l’État est juste ?

Il me semble qu’il ne peut pas en être autrement.

Ne l’affirmons point encore avec trop de confiance. Nous l’affirmerons si, appliquée à chaque homme en particulier, l’idée de la justice que nous venons d’exposer nous paraît encore celle de la justice ; car que pourrions-nous exiger de plus ? Dans le cas contraire, il faudra bien tourner ailleurs nos recherches. Maintenant épuisons celle où nous nous sommes engagés dans cette pensée qu’il nous serait plus aisé de reconnaître quelle est la nature de la justice dans l’homme, si nous essayions d’abord de la contempler dans un objet plus grand qui la contiendrait ; et il nous a semblé que cet objet était un État, et nous l’avons formé aussi parfait qu’il nous a été possible, parce que nous savions bien que la justice se trouverait nécessairement dans un État parfait. Ce que nous y avons découvert, transportons-le dans l’individu : si tout se rapporte de part et d’autre, la chose ira bien ; s’il y a quelque différence, nous reviendrons à l’État pour examiner encore ; et peut-être, en comparant l’homme et l’État, et en les frottant pour ainsi dire l’un contre l’autre, nous en ferons jaillir la justice comme le feu