Nous l’avons dit.
Ainsi, mon cher ami, la justice pourrait bien consister à s’occuper de ses propres affaires : sais-tu ce qui me porte à le croire ?
Non, dis-le.
Il me semble qu’après la tempérance, le courage et la prudence, ce qui nous reste à examiner dans l’État, c’est le principe même qui produit ces vertus et qui, produites, les conserve, tant qu’il demeure avec elles. Or, nous avons dit que, ces trois vertus étant découvertes, celle qui resterait à trouver serait la justice.
Il faut bien que ce soit elle.
S’il fallait décider ce qui contribuera le plus à la perfection de l’État, il serait difficile de dire si c’est l’accord des sentimens entre ceux qui commandent et ceux qui obéissent, ou, dans les guerriers, le maintien de l’opinion légitime sur ce qui est à craindre et sur ce qui ne l’est pas, ou la prudence et la vigilance dans ceux qui gouvernent, ou si enfin ce qui y contribue davantage est la pratique de cette vertu par laquelle femmes, enfans, hommes libres, esclaves, artisans, gouvernans et gouvernés se bornent chacun à leur emploi, sans se mêler de celui des autres.
Oui certes, cela serait difficile à décider.
Ainsi, à ce qu’il semble, tu fais concourir à la perfection de l’État, avec la prudence, la tem-