Oui, ce qu’on leur doit ; mais on ne doit à un ennemi que ce qui convient, c’est-à-dire du mal.
Simonide, à ce qu’il semble, a déguisé sa pensée à la manière des poètes. Il a cru, apparemment, que la justice consiste à rendre à chacun ce qui convient ; mais au lieu de cela, il a dit ce qu’on lui doit.
Pourquoi pas ?
Si quelqu’un lui eût demandé : Simonide, à qui la médecine donne-t-elle ce qui convient, et que lui donne-t-elle ? quelle réponse penses-tu qu’il eût faite ?
Qu’elle donne au corps la nourriture et les boissons convenables.
Et l’art du cuisinier, que donne-t-il et à qui donne-t-il ce qui convient ?
Il donne à chaque mets son assaisonnement.
Eh bien, cet art qu’on appelle la justice, que donne-t-il, et à qui donne-t-il ce qui convient ?
D’après ce que nous avons dit tout à l’heure, Socrate, la justice fait du bien aux amis et du mal aux ennemis.
Simonide appelle donc justice, faire du bien à ses amis et du mal à ses ennemis ?
Il me semble.
Qui peut faire le plus de bien à ses amis et de mal à ses ennemis en cas de maladie ?
Le médecin.