Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tout État en renferme deux qui se font la guerre, l’un composé de riches, l’autre de pauvres ; et ces deux États se subdivisent encore en plusieurs autres. Si tu les attaques comme formant un seul État, tu ne réussiras pas ; mais si tu les considères comme plusieurs, et si tu abandonnes à une classe de citoyens les richesses, le pouvoir et la vie des autres, tu auras toujours beaucoup d’alliés et peu d’ennemis. Ton État, aussi long-temps qu’il conservera la sage administration qui vient d’y être établie, sera très grand, je ne dis pas en apparence, mais en réalité ; n’eût-il que mille défenseurs[1] : car tu ne trouveras pas facilement un État aussi grand chez les Grecs et les barbares, quoiqu’il y en ait beaucoup qui semblent le surpasser plusieurs fois en grandeur. Es-tu d’un avis contraire ?

Non certes.

Ainsi nous avons déterminé la borne la plus parfaite que nos magistrats puissent donner à l’accroissement de l’État et de son territoire, et qu’ils ne doivent jamais franchir.

Quelle est cette borne ?


    villes, et où l’on disait probablement : une ville, plusieurs villes. Le Scholiaste ajoute que cette expression était devenue proverbiale.

  1. Voyez la critique qu’Aristote fait de ce passage, Polit. II, 2, § 12.