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que font les hommes qui ont la réputation d’être heureux. Voilà des chefs d’accusation que tu omets avec beaucoup d’autres.

Eh bien, tenons-en compte.

Tu demandes quelle sera ma réponse ?

Oui.

Je la trouverai, je pense, sans m’écarter de la route que suit la discussion. D’abord il serait possible, dirons-nous, que la condition de nos guerriers, telle qu’elle est, fût très heureuse ; mais au reste nous fondons un État, non pour qu’une classe particulière de citoyens soit très heureuse, mais pour que l’État lui-même le soit le plus possible, persuadés que la justice se rencontre dans un État tel que nous le fondons, et l’injustice dans l’État dont la constitution serait vicieuse, et qu’ainsi nous pourrons obtenir, après un examen de l’un et l’autre, la solution qui fait depuis long-temps l’objet de nos recherches. Or, maintenant c’est l’État heureux que nous croyons fonder, sans faire acception de personne, ayant en vue le bonheur de tous et non pas du petit nombre ; bientôt nous examinerons l’État fondé sur un principe contraire. Si nous étions à peindre des statues, et que nous voyant peindre les yeux, cette beauté suprême du corps, en noir et non pas en pourpre, quelqu’un vînt nous reprocher de ne pas appliquer les plus belles cou-