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LIVRE QUATRIÈME.



Ici Adimante prenant la parole à son tour : mon cher Socrate, dit-il, que répondras-tu si l’on t’objecte que tes guerriers ne sont pas fort heureux, et cela par leur propre faute, puisqu’ils sont les véritables maîtres de l’État, sans jouir cependant d’aucun des avantages que procure la société aux autres citoyens, sans avoir des terres, ni des maisons belles, grandes et convenablement meublées, sans faire aux dieux des sacrifices domestiques, sans exercer l’hospitalité, sans posséder enfin ces biens dont tu parlais tout à l’heure, l’or et l’argent, et en général tout ce qui, dans l’opinion des hommes, rend la vie heureuse ? Tes guerriers ressemblent, peut-on dire, à des troupes mercenaires n’ayant dans l’État d’autre occupation que celle de le garder.

Ajoute, lui dis-je, qu’ils ne reçoivent pas de solde avec leur nourriture comme les troupes ordinaires, ce qui ne leur permet ni de voyager pour leur plaisir, ni de faire des présens à des courtisanes, ni de faire à leur gré les dépenses