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usage ; qu’après les avoir entièrement achevés, la terre leur mère les a mis au jour ; qu’ainsi ils doivent regarder la terre qu’ils habitent comme leur mère et leur nourrice, la défendre contre quiconque oserait l’attaquer, et, sortis tous du même sein, se traiter tous comme frères.

Ce n’est pas sans raison que tu as hésité si longtemps à nous faire ce conte.

J’en conviens. Mais puisque j’ai commencé, écoute le reste : vous tous qui faites partie de l’État, vous êtes frères, leur dirai-je, continuant cette fiction ; mais le dieu qui vous a formés, a mêlé de l’or[1] dans la composition de ceux d’entre vous qui sont propres à gouverner les autres et qui pour cela sont les plus précieux, de l’argent dans la composition des guerriers, du fer et de l’airain dans la composition des laboureurs et des artisans. Comme vous avez tous une origine commune, vous aurez pour l’ordinaire des enfans qui vous ressembleront. Cependant, d’une génération à l’autre, l’or deviendra quelquefois argent, comme l’argent se changera en or, et il en sera de même des autres métaux. Le dieu recommande principalement aux magistrats de

  1. Voyez la critique qu’Aristote a faite de ce passage. Polit., II, 2, § 15. Édit. de Schneider.