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pas ceux qui ont au plus haut degré les qualités d’excellens gardiens ?

Oui.

Il faut pour cela qu’à la prudence et à l’énergie, ils unissent le dévouement à l’État.

Assurément.

Mais on se dévoue pour ce qu’on aime.

Oui.

Et ce qu’on aime, c’est ce qu’on croit en communauté d’intérêt avec soi, et ce dont nous pensons que le mal ou le bien doit faire le nôtre.

Nous sommes ainsi faits.

Choisissons donc entre tous les gardiens ceux que nous aurons vus montrer, pendant toute leur vie, le plus grand dévouement aux intérêts qu’ils ont regardés comme ceux de l’État, et jamais à des intérêts contraires.

Ce sont bien là les hommes qui conviennent.

Je suis aussi d’avis que nous les suivions dans les différens âges, pour nous assurer s’ils ont été constamment fidèles à cette maxime, et si la séduction ou la contrainte ne leur ont jamais fait abandonner la pensée qu’ils doivent faire ce qui importe le plus à l’État.

Mais qu’entends-tu par cet abandon ?

Je vais te l’expliquer. Selon moi, une opinion nous sort de l’esprit de notre plein gré ou malgré nous. Nous renonçons de plein gré à l’opinion