Par exemple, si un homme atteint de folie redemandait à son ami les armes qu'il lui a confiées dans le plein exercice de sa raison, tout le monde convient qu'il ne faudrait pas les lui rendre, et qu'il y aurait de l'injustice à le faire, comme à vouloir lui dire toute la vérité dans l'état où il se trouve.
Cela est certain.
La justice ne consiste donc pas précisément à dire la vérité, et à rendre à chacun ce qui lui appartient.
C'est pourtant là sa définition, interrompit Polémarque, s'il faut en croire Simonide.
Bien, dit Céphale ; je vous laisse continuer entre vous l'entretien ; il est temps que j'aille achever mon sacrifice.
C'est donc à Polémarque que tu laisses ta succession ? lui dis-je.
Oui, répondit-il en souriant ; et en même temps il sortit pour se rendre au lieu du sacrifice.
Apprends-moi donc, Polémarque, puisque tu prends la place de ton père, ce que dit Simonide de la justice et en quoi tu l'approuves.
Il dit que le caractère propre de la justice est de rendre à chacun ce qu'on lui doit[1] ; et en cela je trouve qu'il dit vrai.
- ↑ Simonidis fragmenta, CLXI ; dans les Poetæ Græci minores de Gaisford, t. I, p. 401.