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cune partie de la musique, ne deviendra-t-elle pas faible, sourde, aveugle, faute d’exercice et de culture, et par l’état d’imperfection où restent ses facultés ?

Nécessairement.

Le voilà devenu ennemi des lettres et des muses. Il ne sait plus se servir de la voie de la persuasion ; mais tel qu’une bête féroce, il veut tout décider par la force et la violence ; il vit dans l’ignorance et la grossièreté, étranger à l’harmonie et à la grace.

Rien de plus vrai.

Ainsi, selon moi, un Dieu a fait présent aux hommes de la musique et de la gymnastique, non pour l’ame et pour le corps à la fois, car ce dernier n’en profite qu’indirectement, mais pour l’ame seule et ses deux qualités, le courage et la sagesse, afin de les mettre en harmonie l’une avec l’autre, en les tendant et en les relâchant à propos et dans de justes bornes.

Il semble bien.

Il est donc juste de dire que celui qui mêlera la gymnastique à la musique de la manière la plus habile, et qui saura les employer à l’égard de l’ame avec le plus de mesure, est bien meilleur musicien et plus savant en harmonie que celui qui met d’accord les cordes d’un instrument.

Sans doute, Socrate.