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étude, tout exercice de la pensée et toute réflexion, en nous faisant redouter sans cesse des maux de tête et des éblouissemens qu’on impute à la philosophie ; enfin partout où il se rencontre, il empêche qu’on s’exerce et qu’on se distingue en quoi que ce soit de bien, parce qu’il fait qu’on croit toujours être malade et qu’on ne cesse de se plaindre de sa santé.

Cela est inévitable.

C’est, selon nous, par ces considérations qu’Esculape n’a prescrit de traitement que pour les gens qui se portent bien par nature et par régime, dans le cas seulement où il leur survient quelque maladie, et qu’il s’est borné à des potions et à des incisions sans changer leur manière de vivre, ne voulant pas faire tort à l’État ; mais à l’égard des sujets radicalement malsains, il n’a pas voulu se charger de prolonger leur vie et leurs souffrances par des injections et éjections ménagées à propos, et les mettre dans le cas de produire d’autres êtres destinés probablement à leur ressembler. Il a pensé qu’il ne faut pas traiter ceux qui ne peuvent remplir la carrière marquée par la nature, parce que cela n’est avantageux ni à eux-mêmes ni à l’État.

Tu fais d’Esculape un politique.

Il est évident qu’il l’était, et ses enfans en fourni-