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Au lieu que le riche n’a, dit-on, à remplir aucune tâche pareille qu’on ne peut être forcé de négliger sans que la vie devienne insupportable.

On le dit au moins.

N’admets-tu pas ce que dit Phocylide, que l’exercice de la vertu est un devoir, quand on a de quoi vivre[1] ?

Je pense que c’est un devoir, même avant.

N’allons point à cet égard contester avec Phocylide, mais voyons, par nous-mêmes, si le riche doit pratiquer la vertu et trouver la vie insupportable dès qu’il cesse de le faire, ou si la manie de nourrir chez soi la maladie, qui empêche le charpentier ou tout autre ouvrier d’exercer son art par les soins qu’elle lui donne, n’empêche pas aussi le riche de suivre le précepte de Phocylide ?

Oui certes, elle l’empêche.

Rien du moins n’y apporte plus d’obstacles que d’aller au delà des règles de la gymnastique par un soin excessif donné au corps ; car ce soin se concilie difficilement avec celui des affaires domestiques, avec la vie des camps et les emplois publics. Mais ce qu’il y a de plus fâcheux, c’est qu’il est surtout incompatible avec toute

  1. Voyez ce passage de Phocylide dans la collection de Gaisford, t. Ier, p. 444. Phocylidis Fragm. VIII.