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faut d’expérience, mais parce qu’il savait qu’en tout état bien policé, chaque citoyen a une tâche à remplir et que personne n’a le loisir de passer sa vie à être malade et à se faire soigner. Nous sentons le ridicule de cette méthode chez des artisans, nous ne le sentons plus chez les riches et chez les prétendus heureux de ce monde.

Explique-toi.

Qu’un charpentier soit malade, il trouve bon qu’un médecin lui donne un remède pour le faire vomir ou le purger par en bas, ou le délivre de son mal par le moyen du feu ou du fer ; mais si on vient lui prescrire un long régime, en lui mettant autour de la tête de molles enveloppes et tout ce qui s’ensuit, il a bientôt dit qu’il n’a pas le temps d’être malade et qu’il ne lui est pas avantageux de vivre ainsi ne s’occupant que de son mal et négligeant son travail qui l’attend. Il dit adieu à un pareil médecin, et revenant à sa vie ordinaire, il recouvre la santé et reprend son travail, ou si son corps ne peut résister à l’effort de la maladie, la mort vient le tirer d’embarras.

Oui, voilà la médecine qui convient à un homme de cette classe.

Et pourquoi ? N’est-ce pas parce qu’il a un travail à faire et qu’il ne pourrait y renoncer sans perdre tout intérêt à vivre ?

C’est cela.