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et pénible ? Par cela même, ne louera-t-il pas avec transport ce qu’il y a de beau, ne le recueillera-t-il pas dans son ame pour s’en nourrir et devenir par là homme vertueux, tandis que tout ce qui est laid sera pour lui l’objet d’un blâme et d’une aversion légitimes, et cela dès la plus tendre jeunesse, avant de pouvoir s’en rendre compte au nom de la raison, de cette raison que plus tard, lorsqu’elle arrivera, il accueillera avec tendresse, parce qu’en vertu du rapport intime qui se trouve entre elle et l’éducation qu’il a reçue, elle lui apparaîtra sous des traits familiers ?

Tels sont en effet les avantages que l’on attend de l’éducation par la musique.

Par exemple, quand nous apprenons la lecture, nous ne sommes suffisamment instruits que lorsque nous savons reconnaître le petit nombre de lettres élémentaires dans toutes leurs combinaisons, dans toutes les phrases grandes et petites, sans en dédaigner aucune, et lorsque au contraire nous nous attachons à les distinguer parfaitement partout où elles se rencontrent, persuadés que c’est le seul moyen de devenir jamais grammairien.

Cela est vrai.

Et encore si nous ne connaissons pas les lettres en elles-mêmes, jamais nous n’en reconnaîtrons l’image représentée dans les eaux ou dans