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Sans doute.

Mais lorsqu’il parle sous le nom d’un autre, ne disons-nous pas qu’il s’efforce de ressembler par le langage à celui qu’il fait parler ?

Oui.

Or, ressembler à un autre par le langage ou les gestes, n’est-ce pas l’imiter ?

Oui.

Ainsi, en ces occasions, les récits, tant ceux d’Homère que des autres poètes, sont des récits imitatifs.

Fort bien.

Au contraire, si le poète ne se cachait jamais, tout son poème ne serait qu’un récit simple, sans imitation. Mais pour t’empêcher de dire que tu ne comprends pas comment cela peut se faire, je vais te donner un exemple. Si Homère, après avoir dit que Chrysès vint avec la rançon de sa fille et supplia les Grecs, surtout les deux rois, n’eût point parlé comme s’il était devenu Chrysès lui-même, tu sais qu’alors le récit aurait été simple, au lieu d’être imitatif. Voici quelle forme il aurait prise. Je me servirai de la prose, car je ne suis pas poète : « Le prêtre, étant venu, pria les dieux de permettre que les Grecs, vainqueurs de Troie, terminassent heureusement leur expédition. Puis, il demanda que, par respect pour le dieu, on délivrât sa fille et acceptât sa rançon.