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Ta réflexion est juste.

Ainsi remettons à dire quels sont les discours qu’il faut tenir en parlant des hommes, lorsque nous aurons découvert ce que c’est que la justice, et si elle est par elle-même avantageuse à celui qui la possède, soit qu’il passe ou non pour juste.

Très bien.

C’est assez parler du discours en lui-même ; passons à ce qui regarde la diction, et nous aurons traité d’une manière complète du fond et de la forme qu’il convient de donner au discours.

Je ne t’entends pas.

Il faut pourtant m’entendre. Tu y parviendras peut-être mieux d’une autre manière. Tout ce qu’on lit dans les poètes et les faiseurs de fables n’est-ce pas un récit d’événemens passés ou présens ou à venir ?

Sans doute.

Et le récit est simple ou imitatif ou l’un et l’autre à la fois[1].

Je te prie de m’expliquer encore ceci plus clairement.

Je suis, à ce qu’il paraît, un plaisant maître, et je ne saurais me faire entendre. Je vais, comme

  1. Aristote distingue aussi ces trois sortes de récits. Voyez la Poétique, c. III, § 2.