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Eh bien, repris-je, puisque nous en sommes sur les discours qu’il convient ou ne convient pas de tenir, n’avons-nous pas quelque autre genre de discours à examiner ? Nous savons comment il convient de parler des dieux, des démons, des héros et des enfers.

Oui.

Il nous resterait les discours sur les hommes.

Cela est évident.

Mais, mon cher ami, il est impossible pour le moment d’en donner les règles.

Pourquoi ?

Parce que nous dirions, je pense, que les poètes et les prosateurs tombent, en parlant des hommes, dans les plus graves erreurs, lorsqu’ils disent que généralement les hommes injustes sont heureux, et les justes malheureux : que l’injustice est utile, tant qu’elle demeure cachée ; qu’au contraire la justice est un profit pour qui ne la possède pas, un mal pour qui la possède. Nous interdirions de pareils discours, en prescrivant à l’avenir de dire le contraire en vers et en prose ; n’est-il pas vrai ?

Je le sais bien.

Mais si tu conviens que j’ai raison, j’en conclurai que tu conviens aussi de ce qui est en question depuis le commencement de cet entretien.