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soit bien propre à porter les jeunes gens à la tempérance ?

Il s’en faut bien.

Mais si des héros montrent dans leurs paroles ou dans leurs actions un courage à toute épreuve, il faut se donner le spectacle de leur lutte, et écouter des vers tels que ceux-ci :


Ulysse frappant sa poitrine, parla ainsi à son ame :
Courage, ô mon ame ! tu as déjà supporté de plus grands malheurs[1].


Oui, sans doute.

Des braves ne doivent pas accepter les présens et aimer les richesses.

Jamais.

Il ne faut donc pas leur chanter ce vers :

Les présens gagnent les dieux et les rois vénérables[2] ;


Ni louer la sagesse de Phénix, gouverneur d’Achille, pour avoir conseillé à ce héros de secourir les Grecs, si on lui fait des présens, sinon de garder son ressentiment[3]. Jamais nous ne

  1. Odyssée, XX, 17.
  2. Ce vers, que Platon a l’air de rapporter à Homère, n’est pas dans Homère. Suidas, t. I, p. 623, l’attribue à Hésiode. On trouve dans la Médée d’Euripide, un vers qui présente à peu près le même sens, v. 934.
  3. Iliade, IX, 435 et suiv.