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vant nous des hommes graves, encore moins des dieux dominés par le rire.

Non, assurément.

Et, s’il faut t’en croire, nous reprendrons Homère d’avoir dit :


Un rire inextinguible éclata parmi les heureux habitans de l’Olympe,
Quand ils virent Vulcain s’agiter pour les servir[1].


Oui, vraiment, si tu veux m’en croire.

Cependant la vérité a des droits dont il faut tenir compte. Si nous avons eu raison de dire que le mensonge inutile aux dieux est quelquefois pour les hommes un remède utile, il est évident que c’est aux médecins à l’employer, et non pas à tout le monde indifféremment.

Cela est évident.

C’est donc aux magistrats qu’il appartient exclusivement de mentir pour tromper l’ennemi ou les citoyens, quand l’intérêt de l’État l’exige. Le mensonge ne doit jamais être permis à d’autres, et nous dirons que le citoyen qui trompe les magistrats est plus coupable que le malade qui trompe son médecin, que l’élève qui cache au maître qui le forme les dispositions de son corps, que le matelot qui n’informe pas le pilote de ce

  1. Iliade, I, 599.