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ni par des signes envoyés de lui dans la veille ou dans les rêves.

[383a] Il me semble qu’on ne peut pas nier cela.

Tu approuves donc cette seconde loi : personne dans le discours ordinaire ni dans des compositions poétiques, ne représentera les dieux comme des enchanteurs qui prennent différentes formes et nous trompent par des mensonges en parole ou en action.

Oui, je l’approuve.

Ainsi, tout en louant bien des choses dans Homère, nous ne louerons pas le passage où il raconte que Jupiter envoya un songe à Agamemnon[1] ; ni celui d’Eschyle où Thétis rappelle qu’Apollon, [383b] chantant à ses noces,


… Avait vanté d’avance son bonheur de mère,
Et promis à ses enfans une longue vie exempte de maladies.
Après m’avoir annoncé un sort chéri des dieux,
Il applaudit à mon bonheur dans un hymne qui me combla de joie.
Je ne croyais pas que le mensonge pût jamais sortir
De cette bouche divine, la source de tant d’oracles.
Ce dieu qui s’assit et chanta au banquet de mon hyménée,
Ce dieu qui m’annonça tant de bonheur, ce même dieu est le meurtrier
De mon fils[2]


  1. Iliade, II, 6.
  2. Fragment d’une pièce perdue d’Eschyle, intitulée Psychostasie. Voyez Wyttenbach, Select. princip. histor., p. 388.