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semblables. Que les mères n’aillent pas non plus, sur la foi des poètes, effrayer leurs enfans en leur faisant de mauvais contes, qu’il y a des dieux qui errent pendant la nuit, sous la figure d’étrangers de tous les pays ; ce serait à la fois faire injure aux dieux et rendre les enfans encore plus timides.

Il faut bien qu’elles s’en gardent.

Mais si les dieux sont réellement par eux-mêmes incapables de tout changement, est-il vrai qu’ils nous font croire du moins qu’ils se montrent sous cette grande variété de figures étrangères, par une sorte d’imposture et par des tours d’enchanteurs ?

Peut-être bien.

[382a] Un dieu voudrait-il mentir en parole ou en action, en nous présentant un fantôme au lieu de lui-même ?

Je ne sais.

Quoi ! tu ne sais pas que le vrai mensonge, si je puis parler ainsi, est également détesté des hommes et des dieux ?

Qu’entends-tu par là ?

J’entends que personne ne consent volontairement à ce que la partie la plus importante de lui-même soit trompée, et surtout sur les choses les plus importantes ; et qu’il n’est rien qu’on craigne davantage.