rendre raison à près comme nous ; [380b] il doit dire que Dieu n’a rien fait que de juste et de bon, et que le châtiment a tourné à l’avantage des coupables. Si nous ne souffrons pas non plus que le poète appelle le châtiment un malheur et attribue ce malheur à Dieu, nous lui permettrons de dire que les méchans sont à plaindre, en ce qu’ils ont eu besoin d’un châtiment, et que Dieu, en les châtiant, a fait leur bien. Mais employons tous nos moyens à réfuter celui qui dirait qu’un Dieu bon est auteur de quelque mal : jamais, dans un État qui doit avoir de bonnes lois, [380c] ni vieux ni jeunes ne doivent tenir ou entendre de pareils discours sous le voile de la fiction, soit en vers soit en prose, parce qu’ils sont impies, dangereux et absurdes.
Cette loi me plaît beaucoup ; elle a mon suffrage.
Ainsi la première des lois et des règles sur les choses religieuses prescrira de reconnaître et dans les discours ordinaires et dans les compositions poétiques que Dieu n’est pas l’auteur de tout, mais seulement du bien.
Cela suffit.
[380d] Vois donc quelle sera la seconde loi : Doit-on regarder Dieu comme un enchanteur, qui se plaît en quelque sorte à nous tendre des piéges ; tantôt quittant la forme qui lui est