Il faut donc nous occuper d’abord de ceux qui composent des fables, [377c] choisir leurs bonnes pièces et rejeter les autres. Nous engagerons les nourrices et les mères à raconter aux enfans les fables dont on aura fait choix, et à s’en servir pour former leurs ames avec encore plus de soin qu’elles n’en mettent à former leurs corps. Quant aux fables dont elles les amusent aujourd’hui, il faut en rejeter le plus grand nombre.
Lesquelles ?
Nous jugerons des petites compositions de ce genre par les plus grandes ; car, grandes et petites, [377d] il faut bien qu’elles soient faites sur le même modèle et produisent le même effet. N’est-il pas vrai ?
Oui ; mais je ne vois pas quelles sont ces grandes fables dont tu parles.
Celles d’Hésiode, d’Homère et des autres poètes ; car toutes les fables qu’ils ont débitées et qu’ils débitent encore aux hommes sont remplies de mensonges.
Quelles fables encore, et qu’y blâmes-tu ?
J’y blâme ce qui mérite avant et par dessus tout d’être blâmé, des mensonges d’un assez mauvais caractère.
Que veux-tu dire ?
[377e] Des mensonges qui défigurent les dieux et les héros, semblables à des portraits qui n’auraient