Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ami, dis-je à Glaucon, si nous sommes dans l’embarras, nous le méritons bien, pour avoir perdu de vue notre comparaison.

Comment ?

Nous n’avons pas songé qu’il existe des natures où se rencontrent ces deux qualités opposées, ce que nous regardions comme impossible.

Où donc ?

Cela peut se voir en différens animaux, et surtout [375e]dans celui que nous comparions au guerrier. Tu sais que le naturel des chiens de bonne race est d’être extrêmement doux envers ceux qu’ils connaissent, et tout le contraire pour ceux qu’ils ne connaissent pas.

Je le sais.

La chose est donc possible ; et quand nous voulons pour l’État un gardien semblable, nous ne demandons rien qui ne soit dans la nature.

Non.

Ne te semble-t-il pas qu’il manque encore quelque chose à celui qui est destiné à garder les autres, et qu’outre la colère, il faut qu’il soit naturellement philosophe ?

[376a] Comment cela ? je ne t’entends pas.

Tu peux voir cet instinct dans le chien, et cela est bien admirable dans un animal.

Quel instinct ?

Il aboie contre ceux qu’il ne connaît pas, quoi-