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Crois-tu que l’État ait plus besoin d’un bon cordonnier que d’un bon guerrier ?

Nullement.

Nous n’avons pas voulu que le cordonnier fût en même temps laboureur, tisserand ou architecte, mais seulement cordonnier, afin qu’il en fît mieux son métier. Nous avons de même appliqué chacun au métier auquel il est propre et dont il doit s’occuper exclusivement [374c] pendant toute sa vie, pour l’exercer avec succès. Penses-tu qu’il ne soit pas aussi de la plus grande importance de bien exercer le métier de la guerre ? ou ce métier est-il si facile qu’un laboureur, un cordonnier ou quelque autre artisan puisse être en même temps guerrier, tandis que pour être excellent joueur de dés ou d’osselets, on doit s’y appliquer sérieusement dès l’enfance ? [374d] Quoi ! il suffira de prendre un bouclier, ou quelque autre arme, pour devenir tout à coup un bon soldat ; tandis qu’en vain prendrait-on en main les instrumens de quelque autre art que ce soit, jamais on ne deviendrait par là ni artisan ni athlète, à moins d’avoir une connaissance exacte des principes de chaque art et d’en avoir fait un long apprentissage !

Si cela était, les instrumens seraient alors d’un bien grand prix.

Ainsi plus le métier de ces gardiens de l’État