Fort bien ; j’entends. Ce ne serait plus simplement l’origine d’un État que nous chercherions, mais celle d’un État plein de délices. Peut-être ne serait-ce pas un mal : nous pourrions bien découvrir aussi de cette manière par où la justice et l’injustice s’introduisent dans les États. Toujours est-il que le véritable État, celui dont la constitution est saine, est tel que je viens de le décrire. Maintenant si vous voulez que nous en considérions un autre gonflé d’humeurs, rien ne nous en empêche. [373a] Il y a apparence que plusieurs ne seront pas contens de ces dispositions ni de notre régime de vie : à ceux-là il faudra encore des lits, des tables, des meubles de toute espèce, des ragoûts, des parfums, des odeurs, des courtisanes, des friandises et de tout cela avec profusion. On ne mettra plus simplement au rang des choses nécessaires celles dont nous parlions tout à l’heure, une demeure, des vêtemens, une chaussure : on va désormais employer la peinture avec ses mille couleurs : il faut avoir de l’or, de l’ivoire et de toutes les matières précieuses : n’est-ce pas ?
[373b] Oui.
Dans ce cas, agrandissons l’État. En effet, l’État sain que nous avions fondé ne peut plus suffire ; il faut le grossir d’une multitude de gens que le luxe seul introduit dans les États, comme