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que je dis là soit vrai, et que les Lacédémoniens soient parfaitement instruits dans la philosophie et dans l’art de parler, voici par où l’on en peut juger. On n’a qu’à converser avec le dernier Lacédémonien, dans presque tout l’entretien on verra [342e] un homme dont les discours n’ont rien que de très médiocre ; mais à la première occasion qui se présente, il jette un mot court, serré et plein de sens, tel qu’un trait lancé d’une main habile, et celui avec lequel il s’entretient ne paraît plus qu’un enfant. Aussi a-t-on remarqué de nos jours, comme déjà anciennement, que l’institution lacédémonienne consiste beaucoup plus dans l’étude de la sagesse que dans les exercices de la gymnastique ; car il est évident que le talent de prononcer de pareilles sentences suppose en ceux qui le possèdent une [343a] éducation parfaite. De ce nombre ont été Thalès de Milet, Pittacus de Mitylène, Bias de Priène, notre Solon, Cléobule de Lindos, Myson de Chêne[1], et Chilon de Lacédémone, que l’on compte pour le septième de ces sages. Tous ces personnages ont admiré, aimé et cultivé l’éducation lacédémonienne ; et il est

  1. Voyez sur Myson, Diogène de Laerte, I, 106. — Chêne était un bourg du mont Oéta. Myson occupe ici parmi les sept sages la place de Périandre.