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CRITON.

Au reste, Socrate, comme je t'ai toujours dit, je suis en peine de l'éducation de mes fils. Le cadet est encore très jeune ; mais Critobule est déjà grand et a besoin d'un précepteur qui lui forme l'esprit. Toutes les fois que je m'en entretiens avec toi, je demeure persuadé que c'est folie de songer pour ses enfans à tant de choses, par exemple, [306e] en se mariant, à leur donner une mère d'une grande famille, à les rendre aussi riches que possible, et de négliger leur éducation. Mais quand je regarde ceux qui font profession d'élever la jeunesse, ils m'épouvantent ; je ne sais que faire, et, [307a] pour te dire la vérité, je n'en vois pas un seul qui ne me paraisse tout-à-fait incapable. Ainsi je ne vois pas pourquoi je devrais pousser ce jeune homme à l'étude de la philosophie.

SOCRATE.

O mon cher Criton, ne sais-tu pas que, dans tout, les hommes nuls et sans mérite font la majorité, et que les bons sont en petit nombre, mais dignes de toute notre confiance ? La gymnastique ne te paraît-elle pas bonne, ainsi que l'économie, la rhétorique et l'art militaire ?

CRITON.

Assurément.